Le Centre Educatif et
Culturel
d’Yerres fut créé sous l'égide de plusieurs ministres de la 5ème
République. En effet, André Malraux, le premier des Ministres de la
Culture, le Ministre de l’Education Nationale, le Ministre de la
Jeunesse et des Sports, ainsi que le Maire d’Yerres, signèrent le 13
Mai 1968 une déclaration commune d’intention « relative aux buts
poursuivis par la création d’un Centre Éducatif et Culturel à Yerres
(Essonne) ».
Cette expérience
dénommée quelquefois « l’école ouverte sur la vie » était articulée sur
la création de plusieurs établissements* intégrés à un Collège
d’Enseignement Secondaire, clé de voûte de l’ensemble. Le premier
équipement intégré (expérimental) était né…plusieurs établissements de
ce type ont existé en France. Aujourd’hui (2004), seul le C.E.C.
d’Istres (Bouches du Rhône) a subsisté.
* Collège
d’Enseignement Secondaire, Atelier d’Animation Artistique (les 3A),
Maison pour Tous, Centre sportif, Conservatoire de Musique,
Bibliothèque, Centre de Promotion Sociale.
UN
PEU D'HISTOIRE...
Comme établissement
public de l’Etat, avec ses dotations spécifiques, ses postes de
fonctionnaires, son budget propre, l’expérience se déroula entre 1967
(ouverture du CES) et 1969 (ouverture du CEC) jusqu’à 1986.
La gestion de
l’établissement fut mixte, à la fois associative et intercommunale
(Communes de Yerres et de Crosne et de Montgeron les dernières années),
avec des ajustements divers en fonction de difficultés de trésorerie
quelquefois aiguës. Un Conseil d’Administration, où étaient représentés
les ministères , les élus locaux et les représentants des usagers et
des personnels
encadrait l’ensemble. Le conseil d'administration recrutait les
directeurs des sept établissements réunis dans le CEC .
A cette période, le
Centre connut des activités rayonnantes, en matière culturelle,
sportive et se montra force de création dans de nombreux domaines.
Beaucoup de grands noms actuellement connus de la création artistique
ou culturelle passèrent sur les scènes du C.E.C.
La programmation
culturelle était préparée par les 3 A : les « gros » spectacles avaient
lieu au Gymnase, et les préparations de régies pouvaient prendre 1 à 2
jours (et nuits). Les spectacles plus modestes avaient lieu au Studio
209 (qui avaient 209 places assises) . Le Studio 209 avait été conçu
comme une salle
de théâtre, de cinéma (ciné-club) et de conférences. Il est devenu
après travaux le cinéma « PARADISO » (2001).
En 1985, l’Etat se
désengagea de cette expérience par
suite de la loi de décentralisation qui lui en fournit l'opportunité et
il
profita de ce que la municipalité d'Yerres (R.P.R. à cette
époque) souhaitait prendre le
contrôle de cet équipement ; elle créa alors une "société d'économie
mixte"
(qui n'avait de mixte que son titre), qui fut intitulée habilement
C.E.C. (Création, Enseignement, Culture ).
Cela
permit la poursuite de certaines activités, cependant, faute des
subventions d'Etat que le CEC recevait auparavant, elles furent dès
lors en forte diminution et les tarifs augmentèrent !
Le
collège G. Budé perdit à la fois son statut expérimental et,
progressivement, les nombreux postes supplémentaires dont il disposait
. La bibliothèque devint municipale et les agents de
statut intercommunal furent intégrés dans le personnel municipal.
Le
conservatoire, qui était devenu "Ecole Nationale de Musique et de
Danse"(ENMD) en 1982 fut préservé par son statut particulier.
Depuis 1985 le C.E.C
ne
cessa d'être pris dans la
tourmente au gré des alternances
politiques locales et n'a
plus conservé son identité
d'équipement intégré faute d'une
réelle adhésion en particulier
des élus à ce projet.
La
S.E.M. fut dissoute par la nouvelle municipalité (union de la
gauche) élue en 1989 ; les quatre années de fonctionnement de
la
S.E.M. eurent un coût très élevé, avec à la clé la mise en liquidation
judiciaire de cette SEM.
On créa le 8 juin
1990 une nouvelle association de gestion du CEC, intitulée "Espace" .
L'activité du CEC fut là encore préservée mais connut inéluctablement
une baisse progressive, faute de partenaires et de financements . Seule
la commune devait en supporter la charge .
L'association
"Espace" fut elle-même dissoute par le nouveau maire ( UMP)
élu
en 1995 qui décida de faire fonctionner les activités en régie directe
par les services municipaux (sports, jeunesse, loisirs, culture,
relations publiques).
Le
CEC , entièrement municipalisé, comptait 1300 adhérents en
2004,
alors que ce nombre s'était élevé à plus de 5000 dans les années 80 .
Le bâtiment a été
l'objet de nombreuses rénovations et mises en conformité dans les
années 2000 .
En
2009, sur décision de la même municipalité, tous les bâtiments du CEC
ont été détruits pour faire place à une reconstruction selon un nouveau
projet architectural, dissocié du collège et ne comportant plus ni
Maison Pour Tous ni gymnase (ce gymnase conçu pour le collège intégré
servait de salle polyvalente en dehors des horaires scolaires ) .
LES ACTEURS
DU CEC
PERIODE CEC : l
’Etat financeur et partenaire , de 1968 à 1986 :
Le premier DIRECTEUR GENERAL fut Jean Estève à qui succéderont : Max
Boy, Michèle Pouplin et Maryse Machu-Vannier.Tous avaient le statut de
" Proviseur" de l’Education Nationale.
LES MAIRES : le C.E.C. a été créé sous le mandat de Paul SANOUILLER en
1965. Le contexte social de l’époque, les besoins d’une population
jeune, plus que le contexte politique, explique cette implantation. La
volonté forte de certains hommes à l’échelon local soutenue par de
fortes personnalités au niveau de l’Etat avait
permis de faire aboutir ce projet de grande envergure.
En 1978, le maire,
Marc LUCAS (union de la gauche) continua de soutenir
l’action du C.E.C. dont l’ Etat restait le financeur, mais l’effort à
consentir par les villes d’Yerres et Crosne (M. Michel BERSON étant
maire de Crosne, puis député) restait d’importance !
M. Michel PRATS (RPR)
en 1983 accéda au pouvoir municipal. C’est lui qui permit le
désengagement progressif de l’Etat dans le C.E.C. L’ opposition lui
reprocha d’être en 1985 le fossoyeur du C.E.C alors que l’établissement
était relativement bien implanté, bien admis par le
plus grand nombre des Yerrois, après des années de travail en
profondeur mené par les agents culturels de 1969 à 1985.
PERIODE SEM : De 1986
à 1990
Comment garder le C.E.C sans l’Etat ? La solution miracle serait la
constitution d’une SEM, Société d’Economie Mixte installée créée en
Juillet 1985, et qui fonctionna pendant 4 années.
Son statut de Société Anonyme avec la participation espérée de fonds
privés lui
permit d’emprunter une somme de 7 millions de francs, tout en
bénéficiant des bâtiments communaux, du personnel communal (gardiens,
animateurs, etc..), tandis que certains établissements, comme la
bibliothèque, et le Conservatoire de Musique (devenu ENMD en 1983),
étaient municipalisés.
La SEM conserva, mais
à un coût élevé, l’essentiel des activités culturelles et
socioculturelles, tandis que le collège était peu à peu normalisé .
L'ORIGINE DU C.E.C : LE ROLE DE M. Paul
CHASLIN
M. Chaslin, PDG de l' entreprise GEEP-Industries,
spécialisée dans les constructions scolaires
industrialisées, installée à l'abbaye d' Yerres , (entièrement rénovée par
l'entreprise) à partir de 1963-64, avait profité du contexte national
qui offrait des débouchés importants pour son entreprise en pleine
expansion . La construction industrialisée correspondait aux besoins
des
populations en forte expansion démographiques notamment dans
le
nord du département de
l' Essonne. Cette entreprise construisit à Yerres un certain
nombre
d’écoles maternelles ou primaires , les deux collèges et le lycée
professionnel ; M. Chaslin avait été
Adjoint au Maire de 1965 à 1971.
La « grande
réalisation » de M. Chaslin à Yerres est le Centre Educatif et Culturel
(1967/68), conçu à partir de la nécessité objective de bâtir le premier
collège de la ville, jusque là hébergé dans les vieux locaux d'une
école
primaire transformée en CEG . Le premier projet du collège fut évoqué
en
1964 au conseil municipal.
Entre
64 et 67 Paul Chaslin investit toute son énergie et son entregent pour
obtenir l'accord de trois ministères et de la ville sur son idée
d'étendre ce collège et d'en faire un "collège culturel", premier
concept définissant ce nouveau complexe, alors unique en France.
La
philosophie qui sous-tendait cette expérience était la recherche de
l'intégration des divers établissements . Cela se traduisit dans les
faits par des heures de décharge des professeurs du collège(grâce aux
postes supplémentaires attribués au collège en 68-69) , invités
selon leurs compétences à animer des clubs ou des ateliers à
la
Maison Pour Tous, au centre sportif, à l'atelier d'animation artistique
("3 A") , et par la recherche de synergie des animateurs entre
eux.
LE
COLLEGE
GUILLAUME BUDE
Construit en 1967 dans
l’ancien parc du Manoir, l’une des grandes propriétés yerroises au
19ème siècle, le collège d’enseignement secondaire Guillaume
Budé écrit une petite page de notre histoire. Le
collège était en effet au centre de gravité du Centre Educatif et
Culturel, établissement public intégré, composé d’un atelier
d’animation artistique, d’une bibliothèque, d’un conservatoire de
musique, d’une maison pour tous, d’un centre sportif, d’un centre
social.
Construit dans des
délais très courts le collège
ouvrit ses portes en 1967 . Innovation aussi bien technique que
pédagogique, le collège prit le nom du prestigieux helleniste,
Guillaume Budé, dont la famille attachée au chateau voisin, fournit les
seigneurs yerrois entre les 14° et 15° siècles .
Le
nouveau collège, intégré dans un vaste ensemble architectural consacré
aux activités sociales et culturelles, vit venir de la France
entière et de l'étranger d'éminents visiteurs qui se succédèrent sur
son chantier et après sa mise en service .
L’Etat se
désengagea de cette expérience en 1986, le Collège G. Budé, redevenu
établissement « normal » perdit peu à peu les importants moyens
exceptionnels dont il disposait depuis 1969 au titre de son intégration
dans le C.E.C., et le CEC perdit le poste de proviseur-directeur
général qui était fourni par l'Education Nationale (en plus de la
direction propre du collège), ainsi que ses subventions venant de trois
ministères : Education Nationale, Culture, Jeunesse et sports .
(historique
d'après les recherches de Gilles Baumont, archiviste à Yerres)
|