RUBRIQUES
ÉQUIPEMENTS INTÉGRÉS

 

 

 

Qu'est-ce qu'un équipement intégré ?

La genése

Le Prototype
CEC de Yerres

Duplication :
CEC d’Istres

L’expérience
se multiplie

Impulsion de l’Etat

 

Qu'est-ce qu'un équipement intégré ?

« C'est le rassemblement en un même lieu, d'un établissement scolaire et d'établissements sociaux, socio-éducatifs, culturels et sportifs, qui décident de mettre en commun leurs ressources et leurs locaux, dans une perspective d'animation globale.

Les centres intégrés constituent des ensembles dont la composition varie en fonction de la réalité et des besoins locaux et leurs équipements peuvent être physiquement reliés ou non. Mais l'intégration implique toujours une certaine mise en commun des installations , un travail d'équipe entre tous les partenaires et une structure de coordination.

L'intégration des équipements vise les objectifs suivants :

-rationalisation dans l'emploi des équipements par l'utilisation maximum, la polyvalence et la banalisation ; cette pleine utilisation permettant à chaque établissement de disposer de locaux supplémentaires tout en assurant une économie globale.

-décloisonnement dans les services, animation concertée et coordonnée, éducation permanente et globale ;

-ouverture physique de l'école sur son environnement et liens de coopération entre l'établissment scolaire et tous ses partenaires pour permettre aux élèves de pratiquer un maximum d'activités , pour leur épanouissement personnel  créant ainsi un espace éducatif local favorable au développement culturel de tous. »

R. Mallerin

La genése

 

Dans les années 60, le constat d’un certain nombre de carences dans l’action éducative et ses pratiques traditionnelles conduit certains mouvements d’enseignants à redéfinir les besoins et les objectifs de l’école de façon à répondre à une situation sociale et économique en pleine évolution. « L’école ouverte » est proposée.

Au même moment le monde de la culture, en particulier autour du festival d'Avignon naissant, se préoccupe de la nécessité de démocratiser l'accès à la culture ; Paul Chaslin, alors militant du festival écrit en 1967 :
"La démocratisation de la culture passe par l'école :tant que la culture ne sera pas offerte à l'école elle restera le privilège des privilégiés : la fréquentation des musées et des théâtres est directement proportionnelle au degré d'instruction. Tous les efforts dirigés vers les adultes n'obtiennent que des succès marginaux. C'est à l'âge scolaire que se forment la sensibilité, le goût...
Le premier objectif des centres intégrés est d'exposer les enfants à l'action culturelle et sportive. Les jeunes ne pourront plus ignorer que le théâtre existe : ils iront à Molière par le même chemin qu'à l'école. Le même couloir les conduira à la piscine ou aux livres. Après le déjeuner il leur sera aussi facile de rêver devant Dürer ou Dufy que de jouer aux billes. L'architecture sera telle que les grandes oeuvres qui donnent son sens à l'aventure humaine seront offertes, accessibles, proposées. Les enseignants n'auront qu'un geste à faire".

Ces quelques lignes ne donnent qu’un aperçu succinct des derniers déclencheurs qui ont aidé à la naissance des centres éducatifs et culturels expérimentaux. Pour mieux comprendre la genèse de ces équipements, vous pouvez consulter :

  1. Le travail réalisé en mai 1987 par Eve-Laure Michelon pour l’INRP:
    « L’origine des centres intégrés »
    Cette brochure est à votre disposition :
    - à l’INRP
    - auprès d’Eve-Laure Michelon
    - au Comité d’histoire de la Culture
    - en annexe sur ce site
  2. Le document préparé par l’OCDE (CERI : Centre pour la Recherche et l’Innovation dans l’Enseignement) en vue d’un séminaire organisé au CIEP de Sèvres (10 au 21 Juin 1974) intitulé :
    « Etude de la genèse d’une innovation : comment le centre éducatif et culturel d’Yerres s’est développé. »

    Document à consulter :
    - au Comité d’histoire de la Culture
    - auprès d’Eve-Laure Michelon.
  3. L’interview de Paul Chaslin (vidéo en annexe sur ce site).

Le Prototype : le CEC de Yerres
 

L’ouverture implique une école « qui sort de ses murs» pour s’approcher des réalités et le monde extérieur qui « entre dans l’école » : ouverture aux adultes (bibliothèque, cours alternatifs, formation continue…) et intervention d’interlocuteurs économiques et sociaux (entreprises, ANPE, associations, Maisons des Jeunes, Maison de la Culture…).

Le premier centre éducatif et culturel est créé en 1967 à Yerres dans l’Essonne. Il comprend un collège, un centre culturel, une bibliothèque, un centre sportif, une école nationale de musique et de danse, une Maison Pour Tous, un centre de formation continue, un centre social. Tous ces équipements s’engagent à travailler en synergie au bénéfice de la totalité de la population. Un directeur général est chargé de la coordination des équipements. Une déclaration commune d’intention est signée entre les ministres de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et le Maire de Yerres.

Duplication : CEC d’Istres
 
Entre 1967 et 1970 naît le projet d’implantation de la zone industrielle de Fos-sur Mer entraînant, dans le cadre d’une ville nouvelle, un vaste développement de l’urbanisation et la nécessité d’aménager de nouveaux équipements.
Les décideurs visitent le CEC de Yerres et mettent en chantier sur un vaste campus, à  Istres, un centre du même genre approuvé dès 1969 : Collège, Maison Pour Tous, village de vacances, bibliothèque, centre social, centre de santé, gymnase, piscine, aires de sport auxquels s’ajouteront CIO, ANPE, AFPA, halte-garderie, un conservatoire de musique et de nombreux autres établissements, portant leur nombre à 25 en 2007.

L’expérience se multiplie
 

Plus tard ( en 1972), la ville de Grenoble équipe son quartier de la Villeneuve avec un centre intégré : le CEPASC.
D’autres centres plus modestes voient le jour dans des villes moyennes ou en zone rurale intercommunale. Ils  sont souvent conçus dans le cadre de la création de villes nouvelles, les urbanistes des années 70 ayant été particulièrement sensibilisés à ce type d'innovations.


La conception des équipements intégrés s'intègre dans tout un travail de recherche au niveau architectural et urbanistique. Certains sont conçus :

  • Comme un complexe unique : Yerres, Chamonix (1973), Le Vaudreuil (1974), La Ricamarie (1977) , Montreuil-Bellay (1972), Sablé- sur- Sarthe (1977) ,St Fons (1985).
  • D’autres sont dispersés à l’intérieur d’un campus commun : Istres, Le Cannet-Mougins(1974).
  • Dans certains cas : Saint- Quentin en Yvelines(1975), l' Isle d’Abeau(1973), les équipements sont différenciés les uns des autres dans une relative proximité qui permet la collaboration entre eux.
  • Enfin, à Grenoble, on choisit de disposer un nombre important d’équipements collectifs le long d’une axe linéaire piétonnier qui pénètre les bâtiments d’habitation.

Dans tous les cas, ce sont des équipements collectifs fondés sur une réflexion interdisciplinaire qui appréhende tous les aspects du développement éducatif, culturel et social de la population, toutes générations confondues.

Des études, des rapports, des bilans d’évaluation ont été établis afin de mesurer l’impact sur la population, d’apprécier les modifications des pratiques pédagogiques, de mesurer les coûts financiers d’investissement et de fonctionnement. Tous ces documents sont dans la documentation que l'ANPEI a réunie  et scannée (voir rubrique "documentation générale").

Impulsion de l’Etat
 

DECLARATION COMMUNE D’INTENTION
le 13 mai 1968

La mission éducative et culturelle de l’Etat et des Collectivités locales a longtemps consisté presque exclusivement à fournir des maîtres et des locaux pour l’enseignement, à entretenir des musées, des bibliothèques et des théâtres.
Depuis quelques années, un double courant s’est développé avec de plus en plus de force.

D’une part, dans un monde où les métiers se transforment rapidement, les adolescents et les adultes sont tenus de refaire des études ou de remettre à jour leurs connaissances, en même temps qu’avec l’urbanisation accélérée s’élargit brutalement le besoin de loisirs, de sport et de culture. En outre, dans les agglomérations en voie de croissance, les structures sociales traditionnelles ne jouent plus leur ancien rôle. Un nouvel effort de vie communautaire est à promouvoir pour les adultes comme pour les jeunes.

D’autre part, l’Ecole a pris conscience qu’elle n’était pas le seul lien d’éducation et d’instruction. L’afflux grandissant et sans cesse renouvelé de l’information a amenuisé le rôle de la formation scolaire. Ce qui se passe entre les murs de la classe ne peut plus ignorer l’événement, qui ne peut se traduire dans l’expression d’un seul maître. L’enseignant veut travailler dans le siècle, ainsi la vie doit entrer dans l’école et l’école s’ouvrir à la vie.

L’Etat et les Collectivités locales consacrent maintenant des sommes considérables pour réaliser à la fois des locaux scolaires et des ensembles sportifs, culturels et sociaux.
Les équipements sportifs ou sociaux sont utilisés trop peu d’heures par jour et trop peu de jours dans l’année ; tous ces locaux peuvent être rendus complémentaires.

Les écoles ne disposent ni de grandes salles de réunion, ni de galeries d’exposition, ni d’installation de lecture suffisantes. Les Maisons de Jeunes manquent souvent de restaurants et de locaux. Les cours d’écoles sont désertées le jeudi et le dimanche alors que les jeunes sont dans la rue.
Le plein emploi des investissements, nécessaire pour des raisons économiques, est donc également justifié par la nouvelle conception de l’école, la nécessité de l’éducation permanente, le nouveau rôle des loisirs, du sport et de la culture.
A cette fin, une expérience est tentée à Yerres (Essonne) par entente entre le Ministère des Affaires Culturelles, le Ministère de l’Education Nationale, le Ministère de la Jeunesse et des Sports auxquels se joindront éventuellement d’autres départements ministériels.

I) CONDITIONS DE L’EXPERIENCE

a) conditions matérielles
Sur un même terrain et un même ensemble architectural, seront mis en place :

  • un Collège d’Enseignement Secondaire de 1200 places,
  • une Maison des Jeunes,
  • un Centre Sportif important,
  • une Bibliothèque municipale,
  • un Centre de Formation Professionnelle,
  • un Centre Culturel comprenant un théâtre, une galerie d’exposition, des locaux pour la formation artistique,
  • un Centre Social.

Un Foyer de jeunes travailleurs pourra être adjoint dans l’avenir.
La gestion de cet ensemble devra être aussi intégrée que possible, tout en respectant pour l’essentiel les règles propres à chaque administration.
Il sera prévu un budget particulier permettant le fonctionnement de l’appareil de coordination et des activités communes.

b) Statut
A titre provisoire et afin de permettre à l’expérience de commencer sans tarder, l’intégration se fera dans le cadre d’une association selon la loi de 1901. Un Directeur Général assisté d’un intendant aura la responsabilité d’ensemble de la poursuite de l’expérience et de la coordination des activités. Un Comité de Direction regroupant autour du Directeur Général les Directeurs de chaque établissement animera l’ensemble en s’efforçant de multiplier les courants d’échange et d’éviter les coupures et les repliements, tout en permettant à chaque établissement de réaliser pleinement sa vocation propre.
Il sera fait autant que possible appel à du personnel volontaire.

II) POURSUITE DE L’EXPERIENCE

Les conditions pratiques de l’expérience, son coût et ses résultats, la possibilité et les modalités d’une généralisation éventuelle seront étudiés par un groupe de travail interministériel composé d’une personnalité désignée par chaque Ministre et d’un représentant de la Municipalité. Ce groupe fera appel, selon la nature des problèmes traités, aux fonctionnaires compétents des administrations centrales, départementales et locales.
Jusqu’à la rentrée de 1968, une mission générale de préparation sera confiée par les ministres à un chargé de mission désigné d’un commun accord.

Le Ministre d’Etat chargé des Affaires Culturelles : A. Malraux
Pour le Ministre de l’Education Nationale : Le directeur de cabinet P. Pelletier
Le Ministre de la
Jeunesse et des Sports : R. Haby
Le Maire de Yerres : P. Sanouiller


 

   
ANPEI : Association Nationale Pour les Espaces d'Intégration
http://www.anpei.asso.fr - email : info@anpei.asso.fr - Contacts - Plan du site